Le Constellation et son moteur Wright 18 BD.

1) L'avion.

Les Lockheed Constellation L749 arrivèrent à AF-Orly au début de 1947. Il s'agissait de quadrimoteurs dont la vitesse de croisière était de l'ordre de 480 km/h.. Ils emportaient 50 à 60 passagers et utilisaient, sur PS-NY, les mêmes escales que le DC4. La durée du voyage était réduite à une vingtaine d'heures. Ces avions étant pressurisés volaient à une altitude de 5000 à 6000 m. Ils étaient équipés de moteurs Wright R3350 Cyclone 18 BD d'une puissance de 2500ch.

2) Le moteur.

Le moteur, dont la cylindrée était de 55 litres, comportait 18 cylindres en double étoile. Il était muni d'une hélice à pas variable Curtiss à commande électrique.

Le système de carburation, à injection directe dans les cylindres, était assez avancé pour l'époque. On y retrouvait un carburateur de même principe que celui du R 2000 mais qui était baptisé "Master Control" et alimentait deux pompes à injection ; une pour chaque étoile. Le carburant débité par le Master Control se répartissait également entre les deux pompes qui adaptaient automatiquement leur débit à celui qui leur était fourni. Ensuite ces pompes injectaient le carburant, sous haute pression, dans chacun des cylindres via un injecteur monté sur la culasse.

Le système d'allumage, dit "basse tension", était lui aussi assez particulier. Il comportait un alternateur qui alimentait en basse tension deux distributeurs. L'un pour les bougies avant des 18 cylindres et l'autre pour les bougies arrières. Sur chaque cylindre les deux câbles BT arrivaient à une bobine haute tension double. De cette bobine partaient les câbles HT ( très courts) qui alimentaient les deux bougies. Ce dispositif avait pour but de limiter les conséquences de "l'effet corona" sur le circuit d'allumage durant le vol en altitude.

Le 18 BD était également pourvu d'un couplemètre (torquemeter). Celui-ci fournissait à un instrument, sur le tableau de bord, la mesure d'une pression d'huile (torque pressure) dont la valeur était liée au couple moteur. L'indication de la "torque pressure"(1) permettait, en combinaison avec la commande du carburateur ("Cde de mélange" ou "mixture control"), la recherche, en croisière, du point de meilleure économie (2).

  1. Celle-ci était couramment appelée BMEP. La BMEP ( Brake Mean Effective Pressure ) est un des paramètres déterminant le couple moteur. L'indication fournie n'était qu'une pression d'huile mais qui, cependant, était aussi liée à la BMEP.
  2. La description de cette procédure de recherche, exécutée par le mécanicien du bord et appelée "linage" (de l'anglais "to lean" appauvrir) dans le jargon de l'époque, serait fastidieuse dans le cadre de ce récit.

Remarque : Dans les textes qui suivront les véritables noms des personnes citées ne seront pas mentionnés.